Crise du coronavirus et ateliers en ligne : comment avons-nous adapté la pédagogie COLORI ?

Dans un contexte de crise sanitaire et d’expériences inédites, nous avons pris le temps de déterminer la meilleure stratégie à suivre pour continuer notre mission et aux enjeux du numérique. Pendant le confinement, les parents, le corps enseignant et les enfants se sont lancés dans l’éducation à la maison, soulevant de nombreux questionnements sur ce fonctionnement désormais adopté en masse. En effet, l’apprentissage en ligne implique non seulement de repenser les formats, mais aussi la pédagogie associée à ces nouvelles modalités. Dans ce contexte, notre enjeu a été de rester fidèle à notre mission : initier les enfants aux principes informatiques sans les exposer aux écrans. Comment assurer une continuité logique tout en adoptant le mode d’apprentissage en ligne, donc via un écran ?

Revoir la forme pour rester fidèle au fond

Les écrans très présents dans nos vies ces derniers mois nous montrent que les enfants sont stimulés par cette fenêtre sur le monde extérieur : un moyen de sociabilisation efficace en compagnie des parents. En effet, la question de l’exposition des enfants aux outils numériques redouble de pertinence. “L’enjeu c’est de se poser la question du contenu,” discerne Grégoire Borst, professeur de psychologie du développement et de neurosciences cognitives de l’éducation à l’université Paris Descartes, avant de poursuivre :  

“C’est réellement d’expliquer à l’enfant quels sont les effets de l’utilisation des écrans sur son cerveau et sur son comportement. C’est de passer par une approche plus métacognitive pour leur faire prendre conscience des processus qui sont en jeu quand ils jouent sur une tablette ou quand ils jouent sur un téléphone portable.”

En effet, tout se joue au niveau du sens pédagogique que nous donnons aux outils numériques. Transmettre une vision multidimensionnelle de l’interaction au travers des écrans participe à construire des esprits éclairés aux enjeux d’aujourd’hui, qui à leur tour anticipent mieux notre relation avec la technologie à l’avenir.

Nos interventions se déroulant habituellement dans les écoles, centres de loisirs ou encore à la maison COLORI, notre première tâche a été d'adapter les contenus à ce nouveau mode de fonctionnement. Pour notre équipe pédagogique, le format d’atelier à distance devait impérativement rester fidèle à nos activités réalisées sans écrans, favorisant la manipulation, la motricité et le jeu. 

Trouver le bon timing 

La durée d’une session d’apprentissage en ligne est cruciale et doit être adaptée au contenu. Nos ateliers en physiques durant habituellement une heure, nous avons décidé de rester sur cette même durée, permettant de réaliser entre deux et trois activités. Nous avons ensuite proposé les ateliers à l’unité ou sous forme de stages, à raison d’une session quotidienne de 45 minutes sur 5 jours. Enfin, nous avons testé des créneaux horaires différents, en matinée et en milieu d’après-midi, après l’heure de la sieste par exemple. 

Gérer les groupes

Pour privilégier une expérience de qualité, nous avons favorisé les petits groupes (5 enfants maximum) pour permettre à l’animateur de se concentrer davantage sur chaque enfant, l’observer, l'interpeller ou lui donner la parole plus aisément. La question d’établir les groupes par âge s’est posée. Un groupe d’enfants très jeunes (3 et 4 ans) rend l’animation plus difficile et lente au démarrage. Nous en avons déduit que l’idéal était d’inclure deux enfants plus âgés par rapport au reste d’un groupe pour donner une dynamique et emmener leurs cadets. 

 
 

Une communication claire et séquencée

Une communication anticipant tout type d’éventualités en amont favorise le bon déroulé de l'expérience le jour-J. Il s'agit aussi bien de préciser qu’une seule inscription est nécessaire pour les fratries que de prévenir les besoins de matériel hors-ligne. Une prise de contact plus personnalisée avec les parents permet de répondre aux interrogations et de faire le point sur d'éventuels soucis techniques pour proposer des alternatives (une version de l’activité à recopier à la main pour ceux qui ne disposent pas d’imprimante).

La séquence de mailing était la suivante : 

  • Une confirmation d’inscription précisant à nouveau les informations essentielles et l’outil utilisé. 

  • Un mail préparatoire envoyé par l’animateur de la séance deux jours auparavant. 

  • Un mail de suivi après la séance récapitulant le contenu pédagogique et offrant des exercices en bonus. 

  • Un mail de remerciement invitant à répondre à une rapide enquête de satisfaction.

Le choix de la plateforme

Notre choix s’est porté sur la plateforme Zoom. Conscients des fameuses failles de sécurité relevées au sujet de l’outil, nous avons adopté les bonnes pratiques préconisées par Magic Makers sécurisant ainsi au maximum nos ateliers en ligne.  

  • La diffusion du lien de connexion seulement aux participants concernés.

  • L’utilisation de la fonction “salle d’attente” virtuelle. 

Nous avons également pris d’autres précautions : 

  • Nos animateurs se connectent 20 minutes avant chaque atelier.

  • Nous proposons une assistance téléphonique en cas de besoin, un service qui jusqu’à maintenant n’a pas été sollicité. 

  • Dans le cadre de nombreux ateliers à la même heure, il faudra anticiper la surcharge du serveur pour assurer une fluidité de tout moment. 

Une démarche en amélioration continue

Rien n’est figé dans le distanciel ! Suite aux séances, les différents retours nous ont permis d'optimiser la solution. Le rythme dynamique sans être trop rapide a été apprécié des parents, ainsi que l’attention de l’animateur à mettre les enfants à l’aise et à mener des échanges vivants. Certaines optimisations ont été immédiates, par exemple la modification du matériel à distance pour intégrer des indications pour les foyers ne disposant pas d’imprimante.  

En revanche, la volonté de mêler les sons pour créer une ambiance favorisant la participation active est à revoir, notamment en alternant la participation vocale de tous lors des exercices et la mise en muet des micros lors des explications ou de la narration de notre conte phare Hayo Le Robot. 

Ce travail de réflexion sur comment proposer au mieux des expériences de qualité à distance nous a permis de poursuivre ce format même au-delà de la sortie du confinement. L'engagement de toute l’équipe pédagogique a été la clé de cette transposition du présentiel au distanciel. Cette expérience n’a fait que de renforcer notre conviction que quand il s’agit d’écrans et d’outils numériques, les points de vue technique et humain méritent tous deux la même attention.