COLORI à l’école, retour d’expérience
Depuis quelques semaines, je me rends régulièrement dans les écoles pour tester l’approche COLORI auprès des classes maternelles. L’école s’épanouir autrement, dont le projet pédagogique est fabuleux, m’avait déjà accueillie chaleureusement courant octobre 2017 (merci encore).
Il me paraissait essentiel de découvrir d’autres établissements et d’autres façons de faire.
Pourquoi l’école ?
Les ateliers, c’est génial. L’école, c’est crucial. J’ai la conviction, comme bien d’autres, que le numérique sera le nouveau clivage de demain. Il y aura ceux qui savent et les autres. Ceux qui maîtrisent et ceux qui subissent. Ceux qui s’en délectent et ceux qui s’empoisonnent.
Et comment ne pas citer Yuval Noah Harari dont les prédictions vont encore plus loin :
"The main products of the twenty-first century will be bodies, brains and minds. And the gap between those who know how to engineer bodies and brains and those who do not will be far bigger than the gap between Dickens's Britain and the Mahdi's Sudan. Indeed, it will be bigger than the gap between Sapiens and Neanderthals. In the twenty-first century, those who ride the train of progress will acquire divine abilities of creation and destruction, while those left behind will face extinction."
Seule l’école est capable de permettre au plus grand nombre de grimper à bord du train du progrès. Et j’ai profondément envie d’oeuvrer dans ce sens. C’est pourquoi je suis retournée m’asseoir face au tableau noir (il existe encore !).
L’école, toutes les écoles !
Quand on dit 93, bien souvent viennent à l’esprit ces grandes barres d’immeubles sinistrés, la violence, voire l’indigence. Je me permets d’en parler, j’y ai grandi jusqu’à mes 20 ans ! Et bien l’école publique La Fontaine dans laquelle j’ai passé deux jours, n’a rien à envier aux petites écoles rurales de nos campagnes. La ville de Vaujours (93410) est un petit écrin champêtre, entourée de verdure et de forêts. L’école en elle-même est fort jolie et bien équipée. Les classes sont colorées, spacieuses et lumineuses.
Quelques différences avec cette autre école dans laquelle j'interviens toutes les semaines via Digit’Owl. Une école privée prestigieuse située dans un des quartiers les plus chics de Paris. Peu de nature et beaucoup de voitures. Mais c’est beau, pour d’autres raisons. Parce que Paris est la plus belle ville du monde et que l’école se conforme à cette exigence. Ses classes sont charmantes, l’école est agréablement décorée. Les enfants ont même un espace extérieur pour se défouler, inespéré au coeur de cette masse urbaine.
Dans ce 93 champêtre comme dans ce Paris urbain, les murs sont tapissés des dessins des enfants. Je mets quiconque au défi de dissocier un dessin parisien d’un dessin valjoviens !
Maria Montessori disait que seul l’enfant à la capacité de créer un consensus entre des groupes différents, voire ennemis. C’est tellement juste. D’où qu’il vienne, quel que soit son milieu et son groupe social, l’enfant attendrit l’adulte.
Et ici ou là, il s’agit toujours d’enfants, avec les mêmes rires, les mêmes facéties, le même potentiel et le même droit d’apprendre et de comprendre les sujets qui leur permettront d’appréhender le monde. Tous, m’ont beaucoup touchée et émue. À Paris et à Vaujours j’ai été accueillie dans la joie et avec la même soif d’apprendre.
Les enfants adorent
Les deux groupes d’enfants avec lesquels j’ai travaillé ont manifesté le même enthousiasme. C’est drôle de voir comme Cubetto séduit avec sa mimique mignonne. Combien de fois ai-je entendu “Cubetto est trop mignon”. Il arrive même à provoquer caresses, câlins et mots doux !
Je trouve que c’est bien, cela veut dire que l’outil est bien fait et qu’il n’impressionne pas ces jeunes enfants. Mais il est aussi fondamental de leur rappeler qu’il convient d’adopter une certaine distance. La lecture du conte que j’ai écrit et qui se conclut par une réflexion sur les robots va dans ce sens.
L’ouverture de Cubetto leur permet aussi de comprendre ce qu’il y a sous cet adorable sourire : des composants en tout genre !
Les activités binaires sont également appréciées des enfants. Ils y passent du temps, se concentrent longuement et apprécient que la difficulté soit croissante. Ils comprennent ainsi comment fonctionnent ces pixels qui les attirent tant sur les écrans !
Enfin, toutes les activités de vocabulaire qui s’appuient sur les images classifiées Montessori sont propices aux échanges et aux réflexions sur ce monde technologique qui les fascine.
Vous n'imaginez pas les échanges étonnants que l'on peut avoir avec de jeunes enfants sur la technologie. Tandis que certains vantent les mérites des services que nous rendent les robots, d'autres s'insurgent que le robot Sophia n'ait pas de cheveux, tous sont hilares face au canard digérateur, qui a la particularité de faire ses besoins quand on le nourrit.
Les parents et professeurs sont partants
Le sondage que j’ai réalisé début décembre m’a permis de réunir 105 réponses dont 35 réponses de professeurs des écoles. Attention, un sondage reste un outil et non une vérité à suivre aveuglément, surtout pour un échantillon si petit.
Mais tout de même, il renseigne sur des tendances et des envies.
Parmi les 35 professeurs des écoles maternelles, 77% ne proposent pas d’activités d’initiation au code et à la technologie.
Sans surprise, ces mêmes 77% ont envie de mettre en place de telles activités avec leurs élèves mais n’ont pas suffisamment de ressources pour le faire, de quoi se réveiller la nuit en sursaut !
Sabrena, l’excellente professeure qui m’a accueillie dans sa classe de Vaujours a manifesté beaucoup d’enthousiasme et est demandeuse de la suite.
Merci à elle pour son chouette témoignage :
« Nous avons la chance et la joie d’accueillir Amélia dans notre classe. Nous réalisons que nous sommes des privilégiés. Elle a su proposer des activités qui ont passionné les élèves. Les séances régulières leur permettent de réinvestir et d’approfondir les notions abordées, d’acquérir de plus en plus de vocabulaire et de progresser davantage. Un très grand merci à Amélia pour sa disponibilité, sa gentillesse et sa douceur »
Et les parents ?
Les parents sont très désireux d’offrir de tels apprentissages à leurs enfants. COLORI, répond à une injonction paradoxale qui les tiraille : il faut préparer les enfants à la technologie, mais sans écran. C’est bien simple, 100% des parents qui ont participé à un atelier COLORI et qui ont répondu au questionnaire suite à l'atelier souhaitent que COLORI soit proposé dans l’école de leur enfant.
Super, et maintenant ?
Le programme COLORI existe, il représente à ce stade 24 activités pédagogiques réparties sur trois modules : l’algorithmique, le système binaire et la culture technologique. Le tout repose toujours sur la méthode Montessori. L’idéal étant de proposer à l’enfant un environnement préparé, au sein duquel il évolue de manière autonome dans son perfectionnement.
J’aimerais aussi créer des ponts avec les tranches d’âge suivantes, que ces enseignements précoces soient cohérents avec ceux qui sont proposés en élémentaire, au collège et au lycée.
Je continue les ateliers dans le 8ème et le 20ème (avec toujours ce souci de m’adresser à tous les portefeuilles) et des projets sont dans les tuyaux pour intervenir dans d’autres écoles et d'autres lieux.
En attendant, je propose à ceux et celles qui souhaitent déployer COLORI dans leur établissement de venir se former le samedi 21 avril ou le dimanche 29 avril. Durant cette formation, j’expliquerai la démarche, le matériel nécessaire et fournirai tous les supports nécessaires pour mettre en place les différentes activités COLORI au sein de sa classe et de son lieu. La formation est gratuite pour les professeurs des écoles !
Vous êtes parents et souhaitez que COLORI soit proposé dans votre école, n’hésitez pas à en parler à l'instituteur/institutrice de votre enfant, vous pouvez imprimer ce pdf, débarquer dans sa classe, et lui remettre de ma part.
L’histoire ne fait que commencer, chaque semaine se présentent de nouvelles opportunités et me viennent de nouvelles idées ! Stay tuned :).